5 ANS DE PLUS OU 5 ANS DE MOINS: extrait chapitre 1

 

 

Image

Photo: La Roche en Ardennes

 

 1

 

      Le château fort était baigné par le soleil sous un ciel bleu en ce jeudi de septembre 2012.   Il imposait et dominait la cité touristique de La Roche en Ardennes sur les bords de l'Ourthe.  Le climat aussi était très doux pour la saison car le mercure pointait presque les 25 degrés. 

Malgré tous ces ingrédients, il n'y avait plus grand monde hormis des retraités de la région ou quelques hollandais.  Je n'avais pas de mal à trouver une place de parking le long de l'Ourthe, la rivière qui traverse cet endroit pourtant très prisé des touristes en saison estivale et pendant les vacances scolaires.

Je sortais de mon véhicule et j'étais fier en actionnant la télécommande pour verrouiller les portières.  Je venais de réceptionner cette Peugeot 3008 flambante neuve trois jours plus tôt chez mon garagiste et c'était mon premier déplacement un peu plus long que d'habitude.  Heureux de la piloter et de la découvrir, j'avais accusé un retard de 15 minutes sur le rendez-vous programmé.

Ce n'était point venu de la circulation ou de mon aptitude à conduire une nouvelle automobile mais bien de ma sale habitude à toujours me lever au dernier moment.

Alors que je regardais vers la terrasse du restaurant se situant à une cinquantaine de mètres sur ma gauche, je découvrais Valérie bien installée à une table et certainement prise dans la lecture d'un magazine people.  Elle ne devait ni se soucier de l'heure et ni s'inquiéter de mon retard car elle était certaine que je serais présent à ce rendez-vous, bien trop heureux de la revoir depuis longtemps.

Elle était très surprise de mon arrivée lorsque je posa ma main gauche sur son épaule.  Avait-elle feint de me voir débarquer en catimini?  En tous cas, elle quittait son siège tout aussi subitement pour venir plonger dans les bras qu'elle m'obligeait à tendre vers elle.

- Salut Val!  Tu es resplendissante et quelle joie de te revoir depuis tout ce temps.

- Moi aussi Steph!  Je suis vraiment heureuse que tu aies répondu à mon appel et j'étais sûre que tu viendrais de suite.

Valérie portait une tenue décontractée et sportive, un jeans et un tee-shirt noir accentuant son teint halé.  Quant à moi, j'avais opté pour une tenue vestimentaire cool, un pantalon gris en toile et une  chemise à courtes manches dans un ton parme.

- Serais-tu partie en vacances ces dernières semaines pour être si bronzée?

- Oui!  Une semaine en Turquie à Antalya, budget oblige.  l'année dernière c'était 15 jours.

Sa cigarette se consummait tranquillement dans le cendrier et je remarquais qu'elle n'avait pas posé de magazine sur la table mais une farde devant contenir des documents plus personnels.

- Tiens asseyons-nous Steph!  Comme tu vois, je me souviens toujours que le pinot gris est ton apéritif favori quand on parle de vin.  J'avais déjà commandé la bouteille.  Ton verre t'attend, remplis-le.

- C'est une belle intention de ta part, j'en conviens.  Mais, dis-moi, quelle mouche t'a donc piqué pour me recontacter hier par texto après tout ce temps.

J'avais reçu un message sur monportable la veille sans aucune explication: " Stéphane, je t'en supplie, accepte mon invitation et viens me rejoindre demain à La Roche vers 11H30 à la terrasse de l'hôtel Beau-Rivage.  mes plus doux bisous."

Je lui avais répondu que je serai présent mais en lui demandant d'autres explications, elle  ne m'avait juste répondu que par un "Merci".

- Tu es marrante!  On ne s'est plus vu depuis fin février ou début mars quand je suis venu à la fête du grand feu et là, tu veux me voir débarquer en claquant des doigts.  Et tes enfants, comment vont-ils?

- Mes enfants sont en super forme.  Ils ont repris les cours ils y a 15 jours et je les ai avertis que nous serions ensemble aujourd'hui.

 

xxxxx

    

Notre dernière rencontre remontait donc à un peu plus de 6 mois et nous nous étions perdus de vue depuis lors.  Pourtant, cette ultime soirée veçue ensemble avait certainement été celle qui nous vait rapprochés le plus dans nos sentiments depuis que nous nous connaissions.

La soirée s'était poursuivie jusqu'à deux heures du matin au chapiteau près de l'enceinte du grand feu.  Elle était quelque peu pompette avec le vin chaud ingurgité et je n'avais pas trop envie de reprendre la route jusqu'à Liège même si je n'avais pas exagéré sur la boisson mais la neige étalait son manteau blanc depuis quelques heures.

Elle m'avait offert l'hospitalité pour la nuit et nous nous étions retrouvés dans le même lit au moment du réveil.

- Nous avons couché ensemble et tu m'as fait l'amour?  M'avait-elle demandé en ouvrant les yeux et en me regardant d'un air étonné.

- Peut-être mais tu devrais le savoir non?  lui répondis-je.

- Pourtant, nous sommes bien tous les deux à poil dans le même plumard!

- Ce n'est pas l'envie qui me manquait mais je ne voulais pas profiter de l'occasion malgré ton insistance.  Cela m'aurait donné l'impression de trahir nos sentiments ou de créer une relation adultère entre nous comme si j'avais couché avec quelqu'un d'autre que toi.

- Merde alors, j'ai gaffé!  Tu me pardonnes?

- Je veux bien te pardonner car ce n'est pas le style de nuit d'amour que j'aurais voulu vivre avec toi.  Je t'aime trop pour cela.

Confuse dans ses sentiments au moment où je la quittais, elle me promettait que nous nous reverrions bien vite.  Juste avant mon arrivèe pour cette soirée, elle était déprimée et elle m'avait appelé à l'aide.  J'avais bien compris malgré toute l'affection que j'éprouvais à son égard qu'elle avait eu une liaison qu'elle me cachait.  Son aventure avec un dénommé Vincent perdurait depuis plusieurs semaines et venait de s'effondrer comme un jeu de cartes.

 

xxxxx

 

     - Alors pourquoi m'as-tu appelé hier Valérie?  Es-tu encore perdue dans tes sentiments?

- Non, je ne veux pas me moquer de toi même si je l'ai déjà fait auparavant.

- C'est encore un mec qui t'a laissé tomber comme la dernière fois?

- Non Steph, je ne veux pas te blesser.  Je connais tous les sentiments que tu éprouves pour moi depuis deux ans.  j'ai le cafard c'est tout, puis j'ai pensé à toi.

- Arrêtes de déconner!  je suis certain que tu as eu une ou plusieurs liaisons depuis que nous nous connaissons.  Je t'ai tendu les bras et tu ne les as jamais acceptés.  Je tenais à toi mais depuis nos dernières retrouvailles, je ne cherchais plus qu'à t'oublier.

- Si je t'ai caché des choses, c'était pour ne pas te blesser.

- En agissant de la sorte, la plus grosse blessure que tu pouvais me faire c'était justement de ne pas vouloir me blesser.

On en oubliait même le pinot gris qui se réchauffait lentement dans nos verres.  heureusement, le chef de rang venait nous rappeler gentiment à l'ordre, tout d'abord en nous reversant quelques gouttes de vin dans nos verres et ensuite, en nous demandant si nous avions déjà fait notre choix pour le repas.

- Oui au fait Stpeh, j'avais oublié que je t'invitais pour déjeuner.  Que désires-tu?

- Comme je sais que tu vas te laisser tenter par un filet pur de boeuf poivre vert crème, je dis simplement idem.

- Et si j'avais pris un coeur de cabillaud sauce mousseline?

-Pff, tu déconnes!  Je connais ton profil sur un site de rencontre.  Ne me prends pas pour un débile, tu détestes le poisson et les choux de Bruxelles... Hi hi!

- Comment as-tu appris que j'étais sur un site de rencontre.  Tu cherches quelqu'un aussi?

- Je suis allé faire un tour par amusement après notre dernière rencontre il y a quelques mois.  Mais c'est fou, je t'avais repéré sur le premier site visité.  En réalité, tu m'en avais parlé une fois à l'occasion.  j'étais même surpris de te voir toujours inscrite.

- De toute façon, il n'y a bien souvent que des rigolos ou des obsédés qui ne parlent que leur popaul.

- Et qui te dit que je ne l'ai jamais fait?

- Ah non pas toi quand même!

- Pourquoi, devrais-je être meilleur qu'un autre?

- Je n'ai pas dit cela, mais je ne pense pas que tu puisses jouer à ce petit jeu.

- Bon, je l'avoue!  Je ne t'ai pas fait des avances sous un pseudonyme quelconque.

- C'est gentil, tu me rassures.

Le garcon de salle nous apportait nos deux filets de boeuf copieusement garnis de frites et d'une salade mêlée après nous avoir servi le vin rouge au préalable.

 

     Pendant qu'elle était occupée avec le serveur en lui commandant une bouteille de San Pellegrino, ma mémoire me faisait revivre les premiers instants que j'avais vécus avec elle il y a deux ans.  Notre première rencontre avait eu lieu à la fête foraine de mon village.  Ma cousine Catherine me l'avait présentée car elles avaient été collègues pendant plusieurs années dans la même agence bancaire laissant naître une belle amitié entre elles.  De suite, je m'étais senti très proche de Valérie et mon coup de foudre pour elle avait été hallucinant.

Il y avait quelques mois que mon épouse m'avait quitté et après une période de déprime totale, j'avais repris quelque peu le moral en faisant sa connaissance.   Si ces premiers instants passés ensemble m'avaient ramené vers un renouveau sentimental, j'avais vite déchanté par la suite.  La relation que j'espérais voir naître entre nous n'était que très éphémère même si nous nous revoyions régulièrement par la suite avec souvent cette même fougue très furtive.

- Cette viande est vraiment délicieuse, me lança-t-elle avec un joli sourire.

- C'est très probablement de la viande irlandaise pour avoir cette belle couleur rouge et être aussi juteuse, lui répondis-je.

- Tu as goûté ce Gigondas?

- Merveilleux aussi!  Une intensité remarquable en fin de bouche et un nez tout aussi sublime.  Excellent choix Val!   mais deux bouteilles de vin pour nous deux, tu pousses le bouchon un peu loin.  Je dois rentrer à Liège, moi!

- Ne bois qu'un verre, tu prendras le reste de la bouteille pour rentrer.

- Mais à la fin, me diras-tu ce que je suis venu faire ici et pourquoi?

- Tu m'aimes depuis deux ans et pour une fois que je t'invite, tu te demandes pourquoi.  Tu ne te plais donc pas avec moi?

- Là n'est pas la question! Il y a 6 mois, on a failli couché ensemble et c'était toi qui insistais.  Puis, plus de nouvelles ni de réponses à mes messages, ni à mes invitations.  J'essaye de t'oublier et aù moment où je commençais à y arriver, voilà que tu te manifestes à nouveau.  franchement, si c'est pour jouer avec mes sentiments, je m'en vais sur le champs et merci pour le repas.

- Steph je t'en prie!  Je sais que je t'ai fait souffrir avec mes histoires de coeur.  chaque fois que j'avais des déboires sentimentaux, si je peux appeler cela ainsi, tu étais présent pour me remonter le moral.  C'est grâce à ma dernière relation qui s'est terminée le week-end passé que j'ai repensé à toi mais pas pour ce que tu crois.  Je me sens moche d'avoir abusé à ce petit jeu mais cette fois, c'est différent.

- Et pourquoi cela serait-il différent cette fois?

- Parce que je voudrais que tu m'aides à écrire un roman.

- Ah, c'est donc une invitation professionnnelle?

- En quelque sorte mais l'un n'empêche pas l'autre.  On peut revoir nos sentiments aussi, ajouta-t-elle.

- Pour le roman, je peux t'apporter mes conseils.  Mais pour le reste, permets-moi d'être sceptique même si j'éprouve toujours le même regard pour toi.

Je voyais une certaine brillance naître au fond de ses yeux qui la trahissait dans l'affection qu'elle éprouvait pour moi mais j'avais un peu de mal à la croire sincère et en même temps les battements de mon coeur me faisaient à nouveau craquer.

- Avant de partir en vacances, j'ai acheté ton dernier livre à l'aéroport et je l'ai dévoré dès le premier jour.  J'avais l'impression d'en être l'héroine.

- C'était une pure fiction mêlée à quelques faits biographiques.

- Oui mais dans tes rêves!  Tu parlais d'une certaine Valérie.  Ne me dis pas que tu as choisi ce prénom par hasard.

- Je te le concède mais ce n'était pas forcément toi.

 

(extrait du chapitre 1 (début):  5 pages A4 sur 8.)

Version 1er jet non corrigée