5 ANS DE PLUS OU 5 ANS DE MOINS: extrait chapitre 2

 

 

Image

Photo: Gare des guillemins

 

2

 

          A mon arrivée à la gare des Guillemins, je perdais une bonne dizaine de minutes pour trouver une place de parking.  Il était 17H20 et je m'engageais dans la gare d'un pas pressé pour gagner la  voie 3 où le train en provenance de Bruxelles-Midi était annonçé par les haut-parleurs.

- Ouf, je suis à temps!  M'entendis-je prononcer.

Les premiers passagers débarquaient et j'apercevais Julie à l'avant du train qui descendait des wagons de première classe.

Julie travallait à Paris pour la maison d'édition avec laquelle j'avais signé un contrat pour mon dernier roman.  Elle faisait partie du comité de lecture et elle avait été séduite par mes textes.  De plus, elle occupait la fonction d'attachée de presse pour la boîte et elle n'avait pas hésiter à multiplier les contacts avec les médias pour faire de mon dernier bouquin un presque "best seller".

Notre relation n'était que professionnelle mais elle devenait de plus en plus amicale à la longue de se rencontrer et je me demandais si elle n'avait pas un petit faible pour moi sans pour autant jamais me l'avouer.

Elle était belle, sympathique et attrayante.  Sa chevelure brune lui tombait juste au dessus des épaules et ses yeux verts marron étaient expressifs.  Malgré qu'elle ne devait pas mesurer plus d'un mètre soixante-dix, sa silhouette était fine et élancée.  les doux traits de son visage lui donnaient largement cinq ans de moins que les quarante ans qu'elle venait de fêter au mois de juin.

- Salut Stéphane!  Mais, ma parole, tu as une bonne mine par rapport à notre dernière rencontre à Paris.

- Bonjour Julie!  Je suis ravi de te voir enfin dans ma cité ardente. Et tu es ravissante.  par contre ton chemisier violet avec un jeans blanc, c'est mal vu à Liège.

- Tu rigoles!  Tu as bien une chemise parme et je peux savoir pourquoi c'est mal vu à Liège?

- Une question de foot: la rivalité entre les "rouches" et les mauves, entre le Standard et Anderlecht, Liège ou Bruxelles si tu préfères.  Un peu comme en France avec le Paris Saint-Germain et l'Olympique de Marseille.  Mais c'était une simple boutade taquine, tu es vraiment trop mignonne dans cette tenue.

- Ah tu me rassures!  je t'avais promis de venir te rendre visite lors d'un déplacement professionnel à Bruxelles.  Mais qu'est-ce qu'elle est belle cette gare!

- Elle est devenue la fierté des liégeois, nous l'appelons la gare-cathédrale.  C'est vrai qu'elle est imposante avec cette énorme verrière surtout quand on l'admire depuis l'esplanade.  Elle a été dessinée par l'architecte espagnol Santiago Calatrava Valls.  Il avait été sélectionné après un concours international d'architecture où 12 candidats s'étaient présentés.  La réalisation du projet lui fut confiée en 1996 grâce à l'expérience acquise dans la réalisation d'autres gares européennes comme à Zurich ou Lisbonne.  Le projet définitif fut présente en juin 1997 et la construction débuta en 2000 pour se terminer le 18 septembre 2009 avec une inauguration en grandes pompes en présence du Prince Philippe et d'un spectacle conçu par le célèbre Franco Dragone.  C'est d'ailleurs lui qui a réalisé la gare de Lyon.  

- La gare de Lyon à Paris, tu m'étonnes?

- Non la gare de Lyon-Saint-Exupéry TGV, dans ta ville natale.

- Ah bon et comment as-tu appris que j'étais lyonnaise?

- Pas difficile! Quand nous avons déjeuné en avril dans une brasserie à Paris pour étudier les termes du contrat avec France Loisirs, nous avions bu une bouteille des Coteaux du Lyonnais et tu m'avais dit: "Tiens un vin de ma région!".

- Chapeau et vraiment fameuse ta mémoire et ta logique!

- C'est fou comme le vin entretien la mémoire.  j'ai souvent un souvenir qui me reste gravé quand je partage ce breuvage en bonne compagnie.

- Donc si je comprends bien, je te suis d'agréable compagnie.  Rétorqua-t-elle en affichant un très large sourire.

 

      Nous descendions des quais par l'ascenceurpour nous retrouver dans la galerie commerciale sous les voies ferrées et je lui proposais d'aller prendre un verre au "Grand Café".

- J'adore cette taverne-restaurant.  malgré la foule qui déambule aux heures de pointe, on s'y sent cool et relax.

- Oui c'est fort chaleureux et très spacieux.  Cela me change de nos brasseries parisiennes où l'on a constamment l'impression d'être écrasés.

je lui expliquais que je fréquentais cet endroit deux à trois la semaine depuis quelques mois.  De mon appartement, la balade à pied me prenait un petit quart d'heure et je me retrouvais au beau milieu de la foule m'égarant ainsi de mes soirées de solitude.  je connaissais la carte du restaurant à fond.

- Serait-ce ici que tu viendrais t'inspirer d'une idée pour un nouveau manuscrit?

- Non pas encore.  Là, j'en suis à l'étude de la carte des vins très variée. Je m'offre souvent une bonne bouteille.  je bois deux verres en mangeant puis je repars avec le reste jusqu'à l'appart.

- Et celles-là tu les oublies puisque tu es seul.  Me répliqua-t-elle en faisant allusion à ma réflexion de tout à l'heure concernant sa ville natale.

 

      Une serveuse présentant un beau sourire commercial mais sympathique en ayant vu ma présence venait à notre table pour prendre la commande.  Je lui demandais une bière pression et une Hoegaarden rosée car je savais que Julie apprécierait cette bière fruitée aux framboises.

- Elle a l'air assez intime avec toi pour t'appeler par ton prénom!

- Mais je fais souvent la causette avec elle quand elle n'a pas trop de boulot.  C'est une de mes fans.

- Ah monsieur joue la carte de la célébrité?

- La première fois que je suis venu après la sortie de mon livre en librairie, elle m'avait reconnu.  Le lendemain, elle s'est empressée de venir avec mon roman qu'elle avait acheté deux jours plus tôt, ici dans la galerie, pour que je lui dédicace.  Du coup, le patron a acheté le bouquin et il m'a demandé la même faveur.  Ensuite, c'était au tour du libraire à côté où je vais chercher régulièrement mon journal et mes clopes.

- Et maintenant, je te parie qu'on te surnomme l'écrivain ou le romancier!  On ne t'as pas encore confondu avec Lévy ou Musso par hasard.

- Oufti!  ma petite attachée de presse préférée ne me ferait-elle pas une petite crise de jalousie sur ma notoriété locale!

- Sûrement pas, je te taquinais.  mais qu'est ce que tu m'as dis juste en début de phrase, un "ouf" machin chose.

- Ah " Oufti" mais c'est une liégeoiserie ma chère.  Une expression typique d'ici qui signifie entre autres l'étonnement.

- Vous avez un peu des expressions comme chez les Ch'tis si je comprends bien.

- Chez qui?  Répliquais-je.

- Oui Dany Boon, tu m'as bien compris.  Enchérit-elle sur un air coquin avec un immense rire.

Et je partais dans une profonde rigolade également.

Sophie, la serveuse, venait encaisser les deux consommations tout en m'adressant un regard complice.  C'était la première fois qu'elle me voyait accompagné d'une présence féminine.  Les rares fois où je ne venais pas seul au "Grand Café", c'était en compagnie de mon fils Sylvain.

Je proposais à Julie de l'emmener faire un petit tour de ville en voiture avant d'aller dîner.  J'avais réservé une table dans un des meilleurs restaurants asiatiques du centre ville " La Cité du Dragon" pour 20H.

- N'oublies pas Stéphane que mon dernier train pour Bruxelles est à 23H.  J'ai une chambre réservée au Radisson Brussels midi juste en face de la gare et mon Thalys pour Paris demain à 8H37.

- Tracasse Julie!  Nous avons tout le temps.

    

      Nous quittâmes le parking et je pris la direction de la rue des Guillemins pour gagner ensuite le boulevard d'Avroy afin de rejoindre le centre.   Au premier rond point, elle entendit un petit roulis en dessous du siège passager qu'elle occupait.  Elle tendit son bras et se saisit de la bouteille de Gigondas.

- Stéphane, tu ne vas pas me dire que tu bois en conduisant tout de même.  Tu déprimes à ce point-là?  T'es inconscient ma parole.  En plus, si c'est pour te bourrer la gueule, tu pourrais au moins prendre une piquette.

- Mais si, j'ai toujours une bouteille sous mon siège et même parfois deux.

- Arrêtes de faire le pitre Stéphane!

- Bon je rigole!  c'est le reste du restaurant ce midi et encore , nous étions deux.  Donc tu ne dois vraiment pas te tracasser lui lançais-je en éclatant de rire.

- Ah le crétin, l'idiot et en plus moqueur!

 

      Nous venions de passer le Pont d'Avroy et nous allions bientôt arriver à la fin du boulevard de la Sauvenière.  Je lui faisais remarquer à droite l'Opéra Royal de Wallonie, qui fêterait le lendemain sa réouverture après de longues transformations.  Ensuite, je pris la direction de la Place Saint Lambert et je lui montrai le Palais des Princes Evêques.

- Le palais tel que nous le connaissons aujourd'hui  a été reconstruit à partir de 1526.  Il y abrite actuellement le palais de justice et le palais provincial.

Afin de lui offrir une vue plus générale que depuis la place, j'allais tourner au rond point Cadran, au dessus de la gare du Palais, avant de revenir sur mes pas pour me diriger vers la place du Marché et son fameux Perron.

- Liège est donc une principauté?

- Oui depuis Notger devenu le premier prince-évêque en 985.  liège est donc une cité plus que millénaire.

- Et pourquoi l'appelle-t-on la cité ardente?

- Pour l'histoire, cela vient d'un roman édité en 1904 retraçant l'épopée des 600 franchimontois venus prêter main forte à la résistance liégeoise face aux troupes de Charles le Téméraire en 1468 je pense.

- Mais tu en connais un bout sur ta ville monsieur le guide touristique!

- Tu parles!  Je me suis replongé dans l'histoire de Liège durant deux heures hier soir pour ne pas te raconter des âneries.

- Ah le tricheur!

- Mais à propos de la cité ardente actuellement, je n'ai pas besoin de bouquin pour te dire qu'elle porte toujours aussi bien son nom à cause du caractère chaleureux et jovial des liégeois.  D'ailleurs nous irons tout à l'heure place Cathédrale avec son quartier chaud du "Carré" à proximité.  On y vit jour et nuit.

 

( Extrait du chapitre 2 (début): 4 pages A4 sur 12)

Version 1er jet non corrigée